La démocratie en danger

Le maire divers droite de Saint-Brevin-les-Pins, en Loire Atlantique,  contraint à la démission ! L’incendie de son domicile a été l’agression de trop. Depuis des mois il subissait la vindicte d’une partie de ses administrés, vent debout contre le projet de déménagement d’un centre d’accueil pour des réfugiés. Appuyés, aiguillonnés par l’extrême droite néo fasciste qui a multiplié les manifestations sur place, certains « honnêtes citoyens » de Saint-Brevin ont rendu la vie impossible à cet édile, par ailleurs médecin de métier. Il a décidé de mettre fin à ses fonctions officielles et de quitter la commune. Il n’en fallait pas plus pour que les pleureuses de la République, de la gauche à la droite, redonnent de la voix, accusant le gouvernement de n’avoir rien fait contre le climat ambiant, le PS proposant même une marche solidaire, qu’il serait de mauvais esprit d’assimiler à une procession laïque.

Saint-Brevin n’est pas un cas isolé. Nombre de maires, de tous bords, se plaignent de l’agressivité verbale et parfois physique de certains de leurs administrés. La violence gangrène maintenant les relations citoyennes. Il est loin le temps où le premier magistrat de la commune était reconnu de tous, salué comme tel, respecté dans ses fonctions, et dont les décisions conduisaient rarement à des pugilats. Autres temps, autres mœurs ! A qui la faute ? Aux télés, aux réseaux sociaux qui servent de déversoirs à bile ? Avec l’avènement de ces latrines numériques, nous sommes entrés dans l’ère du grand soulagement.

Pire, le mot, les mots grossiers, hystériques, vengeurs, peuvent dorénavant être le prélude au passage à l’acte. Il ne sert donc à rien de déplorer aujourd’hui le sort fait aux élus locaux, quand hier certains et non des moindres, fermaient les yeux sur les cagoulés, sur les casseurs des manifs, quand ils les encourageaient parfois, cherchant à justifier dans de singulières contorsions dialectiques, l’injustifiable : la casse de petits commerces, la destruction de mobiliers urbains, de voitures, de vélos… et que sais-je encore.

Si casser n’importe quoi, menacer de mort une élue et son enfant, brûler une permanence de député, procède d’une « juste colère sociale » pour reprendre une formule qui a fait florès avec les mobilisations contre la loi retraites, alors tout devient permis. De proche en proche craquent toutes les digues morales, se délite le consentement démocratique.  Il est bien tard pour feindre de s’en apercevoir. Bien hypocrite surtout de faire à l’Etat, et au gouvernement, un procès pour non-assistance à élu en danger, quand les mêmes refusent de voir que la violence, sous toutes ses formes, s’est invitée dans la sphère publique comme dans la sphère privée. Pour endiguer cette déferlante, les indignations sélectives qui sentent à plein nez la récupération politique ne suffiront pas. Tolérance zéro, tel doit être le mot d’ordre ! Partout et tout le temps, dans la famille, à l’école, dans les médias, sur la place publique… !

Encore un mot, « last but not least ». Ces médias, si prompts d’habitude à faire dire tout et n’importe quoi au premier quidam qui passe, pourraient – si cela ne leur semble pas trop incorrect – se pencher sur cette ville, enquêter sur certains de ses citoyens qui ne veulent pas de réfugiés chez eux ? Qui sont-ils ? Que font-ils de leurs jours et de leurs nuits ? Il me paraît un peu rapide et bien trop « main stream » de réduire la situation à une bande de fascistoïdes, frappés de la croix celtique. Le problème me semble plus profond. La démission du maire de Saint-Brevin ne dit pas autre chose.

Moissac: la taxe et la baguette

Le maire de Moissac, aurait-il, miracle pascal, trouvé la poule aux œufs d’or ? Il annonce fièrement dans un tweet matutinal la baisse des bases communales de la taxe foncière. Ouah ! Heureux propriétaires moissagais, réjouissez-vous, grâce au RN et ses 0,10% de réduction de cette base, vous allez pouvoir vous offrir… une baguette de pain (1). Vous me direz c’est mieux que rien, quoique sur une année, ça ne remplit pas l’estomac. Et de l’estomac, le maire de Moissac n’en manque pas, car dans le même temps il dénonce l’augmentation par l’Etat de cette fameuse taxe, indexée sur l’inflation. Certes ! Mais tout à son affaire, il se garde bien de dire que cette indexation lui permet de faire sans douleur sa ristourne boulangère, tout en améliorant les recettes municipales. Voilà un bel exemple de propagande dont le ressort principal est le mensonge par omission.

Notre Déroulède (2) local a une ambition, c’est du moins son nouveau mantra : attirer les classes moyennes à Moissac. Il ne l’a pas trouvée tout seul. Ça figurait déjà dans mon programme « Moissac naturellement ». Et il est vrai, qu’en dépit de ses proclamations cocardières, la ville est plus que jamais et pour le plus grand bonheur des agriculteurs et des propriétaires bailleurs, la capitale d’une immigration, Bulgare essentiellement, et de moins en moins saisonnière. On parle d’au moins 3000 personnes. Profs, professions libérales et autres entrepreneurs préfèrent d’autres destinations : Montauban bien sûr, Montech et même Castelsarrasin dont le dynamisme économique se mesure au nombre de chantiers ouverts. Au passage, il faut signaler la volte-face du maire de Moissac qui après une bouderie qui a fait perdre deux ans à la ville, découvre enfin tout l’intérêt d’une Communauté de communes et tente avec la cité voisine un rapprochement qui est tout sauf désintéressé.

La comparaison entre les deux voisines et parfois rivales est d’ailleurs tout à fait édifiante. En 2022 Moissac investit 225 euros par habitant, Castelsarrasin 337 euros. Dans son rapport, la Chambre régionale des comptes (lire ici)  pointe à sa manière l’incurie de l’équipe municipale : « Si Moissac dispose d’importants atouts patrimoniaux et culturels hérités de son histoire, la commune est confrontée à des difficultés socio-économiques que traduisent des taux de chômage et de pauvreté très supérieurs à la moyenne nationale… Si le désendettement progressif de la commune lui permet de conserver un autofinancement net en légère hausse, cela s’opère au détriment de l’investissement communal, inférieur à la moyenne nationale et concentré sur la préservation et la rénovation du patrimoine. »

Et plus loin, elle enfonce le clou :

« En étendant le champ d’exercice de ses missions, la commune a renforcé sa capacité d’action. Cette évolution a eu pour corollaire une croissance très significative des effectifs municipaux, notamment due à la hausse du nombre d’agents contractuels, dont certains ont été recrutés dans des conditions irrégulières. La montée en puissance des fonctions supports (finances et ressources humaines) qui aurait dû accompagner ces changements n’est cependant pas intervenue, ce qui place désormais la commune face au risque d’une crise de croissance »

lire « Moissac, ça déboise »

Tout est dit ! Non seulement la ville n’investit pas ou peu, sauf pour des dépenses de patrimoine, mais en plus les services municipaux deviennent obèses et mal gérés, suite à la municipalisation de certaines activités, jusqu’ici assurées par des associations. Pas de quoi parader !

(1) Calcul effectué sur une taxe foncière de 1040 euros annuels.

(2) Paul Déroulède: 1846-1914.  Homme politique, fondateur de la Ligue des patriotes (1882), il en fit un instrument électoral au service du boulangisme.

 

Sortir du silence

J’ai écrit et publié ce texte pour provoquer au débat au sein de l’aile gauche de la macronie. Au même moment, DSK sortait de sa réserve pour faire connaître son jugement-critique, très critique- sur la politique d’E Macron. L’ironie de l’histoire si je puis dire, c’est qu’en 2017, les premiers compagnons du candidat Macron avaient fait leurs classes auprès du ministre de l’économie de Lionel Jospin. Des sociaux démocrates, tous héritiers lointains de Michel Rocard. Que sont-ils devenus?

Que se passe-t-il à la tête de l’état? Pourquoi l’action du gouvernement, les décisions du Président ne trouvent-elles plus grâce aux yeux de la majorité de nos concitoyens, des medias, voire de nos voisins européens? La séquence est terrible. Macron « à genoux » devant la Chine disent les Allemands. Personne n’a compris « la sortie » de notre Président. Pas même S Séjourné qui a peiné ce matin sur le service après-vente. Après le pas de deux raté avec Poutine, celà a de quoi inquiéter, même si, l’Elysée a raison de ne pas s’engager dans le bras de fer sino-américain, revendiquant l’indépendance et la souveraineté de l’Europe. Mais là aussi, il est en échec. L’Europe de l’Est et l’Allemagne au premier chef ne veulent pas d’une défense commune.

Par ailleurs,  E Macron avait-il besoin de tirer un missile sur le patron de la CFDT? Que veut-il? Discréditer le premier syndicat réformiste de France? Affaiblir un peu plus sa première ministre qui cherche désespéremment des interlocuteurs? Attention à la politique de la terre brûlée! Lui y survivra peut-être (certainement, je n’en doute pas). Elle et nous, moins bien. Je suis au désespoir de dire que partout autour de moi et plus loin, même chez les mieux disposés initialement à l’égard d’E Macron, je n’entends que critiques, dénonciation d’une arrogance devenue insupportable, qui n’apparait plus comme une volonté réformatrice mais comme l’expression d’un egotisme préoccupant. Du coup, plus rien n’imprime!

La loi sur le grand âge apparait au mieux comme un catalogue de bonnes intentions, loin des attentes exprimées et largement documentées (vieillissement, dépendance). La Convention citoyenne sur la fin de vie a fourni un très bon travail et des propositions que d’autres expérimentent parfois (le Québec). On attend leur traduction dans un projet de loi. Mais le sort réservé aux conclusions de la Convention Climat et les premiers propos du ministre de la santé laissent craindre le pire. Que dire du tango élyséen sur les pesticides, de la bienveillance du ministre de l’agriculture à l’égard du principal syndicat paysan, pressé de ne rien changer à ses orientations? Et quand une loi semble aller dans le bon sens (celle sur les énergies par exemple), elle passe sous le boisseau tant sont grands le tintamarre ambiant et la difficulté de l’exécutif à communiquer.

Tout se brouille. Les mesures pour la défense sur le pouvoir d’achat sont à peine retenues, certains « oubliant » même qu’ils ont droit au chèque énergie. La valse des milliards devient totalement irréelle faute de procéder d’un plan rigoureux, lisible et ambitieux. On a le sentiment, quand on écoute nos voisins de palier ou de quartier, qu’on arrose le sable. Mais tous commencent à s’inquiéter de la dette et de qui paiera la facture. Car la facture, chacun la paye déjà. C’est l’inflation! Et là encore des mesures qui ne semblent pas à la hauteur de la situation. Comment justifier qu’on se contente d’exhorter les acteurs économiques à la modération, à mettre en place des paniers alimentaires, ou à limiter les prix à la pompe quand on apprend que jamais les profits des grands groupes (et pas seulement énergéticiens) n’ont été aussi monstrueux, indécents. Le sentiment prédomine qu’il y a des profiteurs de crise et de guerre et que comme l’histoire le démontre, celà se fait sur le dos du petit peuple, des classes moyennes.

Et là est le danger absolu. Le RN est en embuscade, les sondages le confirment. Notre majorité pourrait bien en faire les frais, ce qui en soi n’est pas très grave, mais la France…? Les gauches, archaïque, insoumise ou simplement nostalgique,  ne font pas rêver parce que sans projet. Et je crains, si on continue à ce train,  que la majorité, dont les contours sont de moins en moins perceptibles, ne soit plus en capacité de constituer un barrage crédible à l’extrême droite. Combien de temps, combien de nouveaux errements faudra-il pour que les sociaux démocrates, les républicains progressistes s’en convainquent?

Vivre ensemble

Ça recommence. Ç’était couru d’avance, annoncé parfois avec une gourmandise à peine dissimulée par les médias. Au rencart la question des retraites, anecdotique le projet des bassines des Deux Sèvres. Voilà un nouvel objet de passion et de controverses : l’affrontement des forces de sécurité et des hordes sauvages, ces spectres habillés de nuit et de quelques slogans chipés sur les réseaux sociaux. Le combat est médiatisé à l’extrême, et contrairement à une vraie guerre comme celle qui ravage l’Ukraine, on en connaît tous les détails, toutes les zones d’ombre, sommant en permanence les forces de l’ordre de se justifier, de rendre des comptes, à défaut de rendre gorge. Dans cette mise en abyme permanente, seul compte le décompte des voitures incendiées, des magasins pillés, des équipements publics saccagés et des blessés, toujours plus nombreux. Mais qui s’inquiète de ces jeunes gens cagoulés dont on devine aux détours de certains propos qu’ils ne sont pas tous clients des restos du cœur ? Qui s’interroge sur l’efficacité de leurs agissements, qui ose dénoncer, clairement, leur projet ?

On a l’impression, gouvernement excepté, que chacun s’emploie à s’évanouir dans un brouillard de… lacrymogènes. Il y a les muets, partout, à gauche aussi, apeurés ou lâchement satisfaits, les plus nombreux. Il y a les contempteurs patentés du pouvoir, hystériques tenants de l’ordre, la droite dans sa grande largeur, dont il n’est pas exclu que sa partie la plus extrême vienne prêter main forte à l’émeute. Il y a les révolutionnaires de papier, Insoumis en tête, nostalgiques du grand soir, frustrés du suffrage universel, qui attisant les brulots, espèrent tirer les marrons du feu. Et puis, il y a tous ces gens, citoyens engagés, militants enragés mais démocrates au fond d‘eux-mêmes, incapables de séparer le bon grain de l’ivraie, ne serait-ce que dans les mots. A cet égard, les propos télévisés d’une des animatrices du rassemblement anti-bassines confirmaient une fois de plus le vieil adage : l’enfer est pavé de bonnes intentions !

Que se passe-t-il donc dans les têtes ? Comment expliquer que la haine, c’est le substentif à la mode, devienne une façon de penser ? Comment comprendre que des esprits bien construits se mettent à tout confondre, le peuple et la foule, l’essentiel et le symbolique, la démocratie et la dictature des affects ? Comment comprendre cet inquiétant brouillage des repères, cette volatilité des principes, ces accommodements plus ou moins choisis avec les éruptions incontrôlées ? D’où vient cette irruption de l’irrationnel dans les champs sociétal et politique ? Il faut savoir tenir ces humeurs disait quelqu’un de l’ancien temps. Il faut garder confiance en notre démocratie qui malgré ses imperfections, ses têtes à queue parfois, est encore le moins pire des systèmes pour continuer à vivre ensemble. Après tout, il suffit de patienter un peu et une autre loi viendra défaire telle ou telle décision d’aujourd’hui. Pour peu qu’une majorité nouvelle le décide !

Refroidir la cocotte-minute

Il faut en finir avec le projet « retraite ». Ne pas attendre que le Conseil Constitutionnel en invalide certaines dispositions, ne pas parier sur la possibilité d’un RIP, référendum d’initiative partagé. Il faut reprendre la main, il faut qu’E Macron reprenne la main pour sortir par le haut de la nasse. Ceux qui me lisent savent ce que depuis le début je pense d’un  texte que le commun des mortels résume à un report de l’âge légal de départ à la retraite. C’est maigre, terriblement maigre et à voir les réactions dans la rue et dans les médias, c’est en même temps énorme !

Conférence sociale

Bien sûr qu’il faut que le Président s’exprime et vite. Mais pour dire quoi ? Pour s’expliquer, pour tirer devant les Français les leçons de ce qui apparaît comme une double faute. Il serait sage semble-t-il qu’il retire ce texte, à tout le moins qu’il ne le promulgue pas, et propose toutes affaires cessantes une Grande conférence sociale, comme le demande la CFDT, où on parlerait emploi, conditions de travail, rémunérations, carrières, formation… et retraites. Oui retraites, car le sujet demeure sur la table et pour longtemps. Oui, il y a dans les années qui viennent, un problème de financement de notre système par répartition. Ceux qui disent le contraire, sont des flibustiers, contredits par tous les organismes d’analyse économique. Et pour cause, nous vieillissons de plus en plus en plus nombreux, notre vie s’allonge grâce aux progrès de la médecine, et de l’élévation de notre niveau de vie. La dépendance, les affections du grand âge s’inscrivent comme une tendance lourde dans la société. Et je prends même le pari, parce qu’on peut parler d’expérience, qu’il faudra dans dix ou quinze ans remettre le couvert sur la question des retraites. Le monde change plus vite qu’il ne l’a jamais fait, il faut bien en suivre le mouvement. C’est inéluctable.

Le malaise des salariés

Nous avons globalement mis un peu de temps à percevoir ce que la Covid avait bousculé de nos certitudes sur nos modes vie et sur la perception de la valeur travail notamment au sein des jeunes générations. Car, bien au-dessus des pantalonnades de l’Assemblée nationale, la crise actuelle est d’abord l’expression d’un énorme malaise du monde du travail, de celles et ceux qui font tourner la machine France et n’acceptent pas qu’on leur impose de nouveaux efforts quand d’autres réalisent des profits gigantesques dont l’obscénité révulse les plus consentants à l’ordre libéral.

Double faute

C’est là la première faute du gouvernement et d’E Macron. Cette cécité, ce refus obstiné de regarder la société en face, ses évolutions, ses convulsions ; de ne pas entendre les corps intermédiaires, en l’occurrence les syndicats dont le comportement est à ce jour exemplaire. La démocratie ne se découpe pas en rondelles de saucisson, elle est une pratique, une praxis aurait dit Marx, qui articule le social, le sociétal et le politique. Et peu importe que pris à la gorge, le gouvernement promet maintenant une loi travail, feignant d’ignorer que la vie active et la retraite ne peuvent se penser indépendamment l’une de l’autre. Qu’il fallait les appréhender dans le même mouvement, avec le même souci de demain.

La deuxième faute du pouvoir, c’est le 49.3. Certes, son utilisation est prévue dans la Constitution, donc jusque-là rien de scandaleux. Mais activer cette disposition sur un texte aussi sensible que les retraites, c’est s’asseoir allègrement sur la démocratie représentative, bafouer le rôle de l’Assemblée nationale. C’est affirmer une verticalité, un jupitérisme qu’on croyait rangés au magasin des accessoires. Mais pouvait-il, voulait-il faire autrement ?

Mauvaise pioche

D’abord il y a doute sur les intentions réelles du chef de l’Etat. L’épisode 2019 et l’opposition au projet à points (malgré le soutien discret de la CFDT) a certainement laissé des traces profondes au sein de l’exécutif gouvernemental. Cet échec l’a peut-être convaincu de réduire ses ambitions, de s’en tenir à un projet comptable, respectueux des fameux grands équilibres. Un projet qui faute d’approbation populaire pourrait trouver à l’AN le soutien des LR, dont le mantra favori est depuis des lustres, la retraite à 65 ans. E.Borne, la première ministre, avait probablement pour mission première de s’assurer de leur vote. E Ciotti, leur chef l’avait monnayé au prix fort. On connaît la suite ! La motion de Censure concoctée par Charles de Courson, qui en sept mandatures s’était fait un nom « monsieur comptes de la nation » n’a pas obtenu, à 9 bulletins près, les 287 voix nécessaires à son adoption. La loi Retraites est donc adoptée.

Et maintenant ?

Le Conseil constitutionnel va se pencher sur le texte. S’il passe l’examen, il ne restera plus aux opposants que le RIP (le référendum d’initiative partagée) mis en place par N. Sarkozy. Long parcours et issue plus qu’incertaine ! Et la rue, que dit-elle ?  Tout bien considéré, les blocages, manifestations, opérations coups de poing, et autres actes de vandalisme que depuis trois jours connaissent ici ou là les nuits hexagonales ne racontent pas, pour l’instant, un mouvement de masse. Cela illustre d’une certaine manière les sondages. Une majorité de Français, massivement les salariés, contre le projet de loi. Ils le disent dans les manifestations syndicales. Et en même temps, 78% des sondés convaincus que le texte s’appliquera. Un fatalisme qui n’a certainement pas échappé à l’Elysée, tenté du coup de « prendre son risque » Au risque d’un embrasement social plus fantasmé que probable. Au risque d’une fracture profonde et depuis longtemps perceptible avec la société. Au risque d’un enlisement gouvernemental, faute de majorité, même de circonstance… On attend la parole du Président. Pour qu’il fasse tomber la pression dans la cocotte-minute !