Tarn et Garonne: la percée du front


Les élections européennes ont été marquées par la percée du FN, arrivé en tête sur l’ensemble du territoire français. Ce succès incontestable présente cependant des disparités que la sociologie éclaire en grande partie.

Ainsi en région parisienne, très fortement urbanisée, peuplée d’actifs plus jeunes en moyenne que dans le reste de la France, travaillant essentiellement dans les secteurs secondaire et tertiaire, le FN ne parvient pas à creuser l’écart. Il est même souvent relégué en queue du peloton. En revanche, dans les pays d’industrie lourde, en déclin, voire moribonde, le FN supplante les traditionnels partis de gauche, en particulier le PCF en voie de disparition y compris dans ses bastions historiques.

Même chose dans les zones rurales. Le FN y fait un tabac auprès d’une population composite où se retrouvent agriculteurs, commerçants, déclassés ou marginalisés, inquiets de voir arriver des immigrés plus pauvres qu’eux, qu’ils ressentent instinctivement comme une menace. Le Tarn et Garonne en est la parfaite illustration. le FN y obtient ses meilleurs  résultats en Midi Pyrénées, avec même des scores qui dépassent ici ou là les 40%.

A quoi sert le PRG?

Ces résultats doivent interroger sur le PRG dont la domination reste sans partage ou presque lors des élections locales dans ce département. En son fief, ce parti, qui présentait l’une de ses adhérentes montpelliéraine comme tête de liste, est totalement impuissant à contenir la poussée frontiste. Autant dire qu’il est incapable de construire une barrière idéologique, de rassembler ses électeurs autour d’une vision un tant soit peu progressiste, de donner corps aux valeurs dont il se réclame… Donc il ne sert politiquement à rien. Dans la bataille des idées, dans le choc des idéologies, il n’est d’aucun poids. En fait l’électorat tarn-et-garonnais vote le lundi PRG ou associés et le mardi se jette sans retenue et sans vergogne dans les bras du FN. Voilà le résultat d’un système clientéliste, fondé non pas sur l’adhésion à un projet politique, mais sur la constitution d’un petit monde d’obligés, avides de subventions et autres prébendes, spectaculairement et opportunément  distribuées par le »patron » du département. Tout est affaire d’intérêt et dans leur majorité, les électeurs tarn-et-garonnais votent localement PRG en guise de remerciements, histoire aussi de gagner leur ticket d’entrée au tirage suivant. Comme à la Française des jeux, 100% des gagnants sont des votants.

A contrario, la situation de l’Aveyron, terre rurale s’il en est, mais marquée par un catholicisme dominant est intéressante. Certes, elle compte elle aussi son lot de notables. Mais elle résiste beaucoup mieux au virus frontiste, parce qu’elle a su construire, depuis des décennies, à travers ce catholicisme pratiqué et exigeant, voire social, un corpus idéologique et religieux, radicalement réfractaire à une partie des thèses du FN.

2 réflexions sur “Tarn et Garonne: la percée du front

  1. Observations sur le FN et le 82
    1 ) Le Lot qui est fortement radical est le département le moins FN dans la région donc la référence au radicalisme ne suffit pas pour expliquer que depuis 1984, le TetG est le département le plus FN de Midi-Pyrénées.
    2 ) Le TetG ayant toujours été peu communiste et où pourtant le FN est si puissant démontre que le calcul qui voudrait que l’essentiel du vote FN soit un transfert de l’électorat PCF ne tient pas.
    3 ) Remarques qui ne signifient pas que je conteste le clientélisme du PRG ou le fait que dans des zones historiquement PCF le FN soit devenu fort (je pense au sud-est par exemple).
    4 ) Simplement il faut nuancer et en arriver à des propositions de lutte contre la montée du FN.
    J’essaie sur mon blog d’y travailler. Jean-Paul Damaggio

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    • 1) Certes, le Lot est radical, mais échappe au pouvoir direct de Jean Michel Baylet et donc au système mis en place dans son fief. Par ailleurs, bien que rural, le Lot ne présente pas les mêmes caractéristiques que le Tarn et Garonne ou domine l’arboriculture et la viticulture, au moins dans les deux tiers du département.
      2) Je n’ai pas dit que le vote FN est exclusivement un transfert du vote PCF…Mais pour bien connaître la région ouvrière de Rives de Giers (près de Saint Etienne) je peux attester de cette triste réalité, qui hélas se produit sur d’autres bassins industriels.

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