Ma ville : « Vivre là dedans c’est coton »


« Donne-moi ta main, camarade.
J’ai cinq doigts, moi aussi.
On peut se croire égaux ». Claude Nougaro

Ma ville! Notre ville! Qu’en avons nous fait? Voilà que maintenant deux quartiers, le centre, jadis prospère, et le Sarlac, notre petite banlieue, sont éligibles à la Politique de la ville. Autant dire que le gouvernement y a vu des poches de pauvreté, des espaces où se délite le vivre ensemble. Eligibles, cela veut dire que Moissac pourra bénéficier de subventions nouvelles pour mettre en oeuvre des projets qu’il lui appartient d’élaborer et de défendre auprès des services de l’état. Des projets qui doivent concerner la jeunesse, promouvoir la cohésion sociale, améliorer le cadre de vie, développer l’économie…

Jeudi se tient à Moissac une grand-messe qu’affectionnent les acteurs institutionnels, politiques, associations, fonctionnaires du social, et au cours de laquelle, de grandes et belles phrases, aussi définitives que la neige de printemps, seront reprises en choeur. Le risque est grand qu’une fois de plus on s’en tienne au constat, au bilan satisfait d’acteurs dits de terrain. Pour ça Moissac a déjà donné.  Le Colloque sur la précarité, organisé en 2013 par l’équipe de Jean Paul Nunzi, a déjà fait le tour de la question. Le constat on le connait, il s’aggrave, à mesure que la crise morale et économique s’approfondit: chômage, fermetures des commerces de proximité, jeunes en déshérence, parfois en rupture de lien familial, ségrégation sociale, territoriale, petite délinquance, communautarisme, le discours religieux tenant  lieu de plus en plus d’idéologie!

Une grand messe donc, mais s’il faut en passer par là, pour intéresser les Moissagais au destin de leur ville, qu’il en soit donc fait ainsi. Car l’enjeu n’est pas mince. Au delà des aides attendues, c’est toute une vision de la ville qu’il faut reconstruire. Et pour cela, il faudra mobiliser la population, l’embarquer dans la construction des projets.  Il faudrait aussi une forte, mais c’est une autre affaire, une opiniâtre volonté politique, capable de nommer le non dit pour mieux passer aux actes… La réflexion ne part pas de rien, il faut juste à situation exceptionnelle, trouver des réponses appropriées, exceptionnelles, capables de bousculer le conformisme et les situations établies.

Moissac perd ses commerces?

Il faut déterminer les besoins (commerces de bouche…) lancer dans le cadre d’un schéma directeur, des appels à projets, monter des partenariats avec la CCI, créer un fond d’aide et d’intervention, prendre des mesures incitatives et réglementaires pour faire baisser les baux… bref intervenir dans le sacro saint espace libéral. Conséquence de cela: une ville plus belle, plus attractive, plus riche aussi.

Moissac manque d’emplois et d’entreprises?

Il faut penser global, au sein de la Com-Com bien sûr,  et agir local! Il faut attirer les jeunes sociétés, susciter les vocations, faire éclore les projets dans le cadre d’une pépinière d’entreprises, pour les installer sitôt sortie de l’oeuf sur les terrains communautaires organisés en clusters. C’est de la promesse d’emplois, du pouvoir d’achat injecté dans la ville et à terme de la richesse nouvelle. La municipalité en place imagine installer sa pépinière au sein de l’ancien tribunal. Cela lui permettrait de bénéficier des subventions de l’ANRU (l’agence nationale pour la rénovation urbaine)

Il faut aussi impliquer les entreprises du secteur dans un vaste programme de stages et d’emplois saisonniers, taillés sur mesure pour les jeunes en recherche. Ce plan pourrait donner lieu à des conventions entre la puissance publique et les entreprises, leur permettant de bénéficier d’aides ciblées, limitées dans le temps.

Moissac manque de logements?

Il faut recréer une OPAH (opération programmée d’amélioration de l’habitat). Celle en cours, lancée par Jean Paul Nunzi, se termine en 2017. Il faut aller plus loin et plus fort. En amplifier le succès, mais veiller aux effets d’aubaine. Faire en sorte  que les propriétaires ne se « refasse pas la cerise » aux frais de la collectivité.

Moissac désespère sa jeunesse?

Il faut dire qu’à Moissac (ce n’est pas propre à notre ville) il y a au moins deux jeunesses. Celle qui se débrouille et qui une fois le lycée terminé, va chercher ailleurs formations et emplois. Celle qui « tient le mur » et qui a bien du mal à trouver sa place dans le système.

Il faut remettre dans la rue des animateurs, des médiateurs, capables d’aller à la rencontre de cette jeunesse, de lui parler – c’est très important- et de bâtir avec elle les projets qui vont l’intéresser et l’occuper, lui redonner espoir. Il faut l’aider à se prendre en main, à retrouver le chemin de l’autre. Il faut créer un espace de rencontre, un lieu ouvert, portant en son sein des projets culturels, un lieu autogéré, susceptible de développer le sens des responsabilités et de l’initiative. De ce point de vue, les sous sols de l’ancien tribunal pourraient s’avérer idoines, et permettre ainsi la rencontre de deux mondes.

Il faut renforcer l’activité de MAJ, Moissac animation jeunesse dont l’importance n’est plus à démontrer. Mais il faut réorienter certaines de ses interventions, l’amener à moins se disperser, pour mieux prendre en charge les demandes les plus pressantes.

Il faut aussi ouvrir davantage les lycées sur la ville, les associer au sein de projets d’établissements ambitieux aux objectifs de citoyenneté et de développement personnels qu’exige le contrat républicain. Il est par exemple souhaitable de faire entrer la presse à l’école, pour aider les jeunes à en comprendre le fonctionnement, mais surtout à développer un esprit critique par rapport à internet notamment.

Il faut enfin donner au plus grand nombre le goût du sport loisir, du sport spectacle. Il faut que les équipements  municipaux, stades et autres terrains de jeux soient accessibles tout le temps et en particulier pendant les vacances. A ce niveau, le rôle des animateurs est central. Mais là aussi, il faut mobiliser les clubs, lier les subventions municipales à un travail en profondeur, cadré et évalué sur des objectifs précis, auprès de la jeunesse la plus défavorisée.

Il y a certainement d’autres pistes à explorer, d’autres projets à bâtir, autour des transports urbains par exemple…

 

 

Une réflexion sur “Ma ville : « Vivre là dedans c’est coton »

  1. Mais que fait la mairie? Ils devaient tout casser et changer tout cela. La réalité est beaucoup plus dure que prévue. On a vraiment affaire à une bande de bras cassés qui croient gérer une municipalité comme leur cabinet médical, en se foutant pas mal de leur client.

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