Les Français sont des démocrates. Du moins on l’espère. Mais à entendre les commentaires sur le résultat des législatives, on peut parfois s’interroger. Oui l’abstention a battu son propre record dans ce type d’élection. Et c’est bien entendu préoccupant, voire inquiétant. Une majorité d’électeurs avait donc décidé de ne pas choisir entre les deux qualifiés du second tour. Sont-ils, ces Français, à ce point fâchés avec la démocratie représentative ? Préfèrent-ils la démocratie d’opinion, ou la démocratie populaire ? Dans ce cas, il fallait massivement rejoindre les « Nuits Debout ». Que je sache, ce ne fut pas le cas, et les places publiques les mieux garnies ont vite déchanté, faute d’une adhésion populaire massive.
Voilà qui nous ramène à ce que certains commentateurs appellent la fatigue démocratique, ce sentiment croissant de ne pas être citoyen, de compter pour du beurre, de ne pas se sentir représenté. Pourtant lors du premier tour de ces élections le choix était large, plus de vingt candidats dans certaines circonscriptions. Chacun aurait du y trouver la sensibilité de ses rêves et donc mobiliser pour la faire gagner. A noter que l’abstention fut également très importante, y compris dans le camp de ceux qui aujourd’hui n’ont pas de voix assez forte pour dénoncer « le pouvoir illégitime de Macron ». Le sont-ils -légitimes- plus que lui et ses députés, eux qui parfois, c’est le cas de JL Mélenchon élu avec moins de 20% des inscrits, ont été élus par une toute petite minorité d‘électeurs ?
Mauvais procès donc ! En droit, on dit (je vous fais grâce de la citation latine) que nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes. Et pourtant c’est bien le spectacle auquel on assiste. Toute une cohorte de commentateurs, de mauvais perdants, de gagnants à la triste figure font chorus sur les ondes et les réseaux sociaux. Certains affichent même une conception putschiste de la démocratie tels ces Insoumis d’Evry partis à l’assaut de la mairie parce que leur candidate avait été battue d’un courte tête par M Valls. Inquiétant vous dis-je, car ces gens là préfèrent au recours judiciaire le recours à la force. Et d’ailleurs, s’ils craignaient tant la triche, pourquoi ne pas avoir posté des assesseurs dans chaque bureau de vote ? Ça c’est légal, mais ça suppose aussi que chacun veuille jouer de bout en bout le jeu démocratique. Avez-vous vu l’arrivée de Mélenchon au Palais Bourbon ? Grotesque ! Avez vous entendu les propos de Mélenchon sur les élus LRM, sur un mathématicien, médaillé Field, excusez du peu ? Odieux !
Bref, Macron a fait exploser les anciennes organisations, il a bousculé les codes d’une classe politique qui n’en revient toujours pas d’avoir été débarquée aussi cavalièrement. Les médias eux-mêmes peinent à appréhender ce nouveau paysage qui brouille tout leurs repères, eux qui étaient naguère si prompts à réclamer renouvellement générationnel et programmatique. Pire, ils n’hésitent pas à dénigrer la nouvelle représentation nationale, se gaussant des hésitations, des gaffes, des faux pas parfois de telles ou tels jeunes élus, doutant même de leurs capacités à endosser le costume. Bien entendu, sur le nombre, on trouvera toujours des gens qui ne sont pas à leur place, qui ont fait fausse route. Faut-il pour autant prendre l’arbre pour la forêt ?