Le bulletin météo


On circule à nouveau sans problème sur les routes et autoroutes. Les campements sauvages ont été démontés. Les gilets jaunes se sont fondus dans la nature. Seuls subsistent dans nombre d’automobiles, un gilet ostensiblement posé derrière le pare-brise comme pour dire son soutien, mieux son appartenance à cette confrérie des jaunes, ensemble protéiforme et changeant au gré des humeurs, porteur quoiqu’il en dise, quoiqu’ils en disent, d’une violence problématique. Inquiétante.

Mais pour l’heure, le pays serait-il revenu à la normale ? On l’espère, on le souhaite; pour autant la question est posée : cette jaunisse ne serait-elle pas le symptôme d’une affection chronique, d’une sorte de dérèglement climatique de la planète sociale, plus généralement de la société française? En ces temps énervés, tout semble aller cul par-dessus tête. Il n’est qu’à voir ces repas de famille, entre amis où, alcool aidant, les convives s’échauffent, se déchirent, vocifèrent tout et son contraire. Tel qui hier professait l’intervention de l’état, voire le socialisme prométhéen ne digère plus l’impôt, mais exige cependant soins, écoles et pourquoi pas bonheur gratuits. Tel autre qui vit confortablement entre SUV et résidences secondaires revendique, total égarement, le retour de l’ISF.  Jeunes réacs et vieux gauchistes se mettent à faire cause commune, passant de la taxe sur les carburants au référendum d’initiative citoyenne, du libéralisme au 80kms/h !

Depuis un mois on aura tout vu, tout entendu. L’image d’abord. Celle de l’évêque de Montauban, qui pour faire peuple, a pris la pose avec les gilets jaunes sur les réseaux sociaux. Le discours ensuite.  L’insoumis Ruffin qu’on surprend à parler la langue de l’extrême droite, antisémite, anti républicaine et populiste. Quant aux partis politiques, ceux du système, PS, Générations, Insoumis, LR, tous ont fait montre de leur incapacité à appréhender, à gérer la situation, balançant entre silence complice et appel du pied. Bien peu nombreux ont été ceux, le Vert Yannick Jadot excepté, qui ont dénoncé les dégradations à l’Arc de triomphe, ou le signe de la quenelle à Montmartre sur le chant des Partisans. Comment peut-on accepter ça sans broncher !

Les partis politique ont un problème : ils cherchent le peuple et ne le trouvent pas, ni sur le terrain, ni conceptuellement. Alors, terrible démission, coupable abdication, ils ferment les yeux sur la violence imbécile, sur les cris de haine, sur l’antisémitisme rampant, sur ces mannequins décapités comme si la situation économique, sociale, politique de la France pouvait expliquer, justifier cette hystérie collective. Comme si leur envie d’en découdre avec Macron était plus forte que tout, comme si on peut en République faire flèche de tout bois !

Non, ne laissons pas les vieux démons reprendre le dessus. Reprenons nos esprits. Il y a en France, dans les territoires des problèmes, des citoyens en souffrance sociale, économique, psychologique, mais il y a aussi un état providence, des institutions, des associations pour leur venir en aide. On peut certes toujours mieux faire. Il faut y travailler sans cesse, dans la concorde nationale, en ayant toujours à l’esprit le sens de l’intérêt général qui répétons-le n’est pas la somme des intérêts particuliers. La période qui s’ouvre dès janvier devrait permettre de débattre des voies et moyens pour plus de justice, de solidarité, mais aussi d’efficacité dans notre économie, car pour redistribuer il faut avoir quelque chose à redistribuer. Et à propos, le climat… quand allons-nous parler de la pluie et du beau temps ?

6 réflexions sur “Le bulletin météo

  1. Bravo à Gérard Vallès pour cette analyse parfaitement lucide et déconnectée de l’esprit de racolage.
    A la retraite depuis dix-sept ans, j’ai été, comme G.V., adhérent et un temps militant C.F.D.T. pendant mon activité professionnelle, mais à un niveau de responsabilités bien moindre.
    A l’époque, à la C.F.D.T., et certainement aujourd’hui, et en majorité, on souhaitait être constructif et honnête, en évitant les surenchères démagogiques proposées par nos extrêmes ou des assemblées générales spontanées.
    Et ça a pu nous coûter cher ; Sud et d’autres ont été créés par des dissidents de la C.F.D.T..
    Mais au moins, la C.F.D.T. n’a pas perdu son âme ; même si elle a perdu des adhérents aux convictions extrêmes. Les résultats des dernières élections professionnelles parlent d’eux-mêmes.
    Trop de partis politiques oublient leur ligne politique originelle, perdent leur honneur, en cherchant à coller à n’importe quoi, sans dénoncer, à haute voix, les dérives et les violences. Ces partis politiques y laisseront toutes leurs plumes, en faisant le bonheur des charlatans de tous bords.
    Méditer et s’inspirer de la trajectoire de la C.F.D.T., pourquoi pas !

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  2. Les partis politiques ne parlent que de politique, que pourraient ils faire d’autre. Ne pourraient ils pas parler aussi des problèmes du peuple d’une autre manière ? sympathiser avec les « gilets jaunes » à des fins de politique, n’a pas fait avancer la machine. Le peuple demande plus de reconnaissance, plus de moyen, plus de respect des votes, il demande d’être écouté et surtout entendu. Aujourd’hui il prend conscience qu’il est trahi depuis des décennies. Alors il faut essayer des voies non explorées et dangereuses (invasion de casseurs en tous genres) pour se faire entendre. Mais a t’il été vraiment entendu ? On peut en douter.

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  3. Bonjour en ce dernier jour de 2018****Quelle prose  » ENIVRANTE  » sans modération de mots tellement justes sans maux par leur vérité sans faille…Merci, M. VALLES****Que 2019 vous écoute et nous permette de vous lire encore et encore. Cordialement

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  4. Bravo Gérard Vallès! … il n’y a rien à ajouter, si, à vous remercier pour la pertinence de vos analyses.
    Les gilets jaunes se disent contre la violence..mais ils soutiennent à fond le « boxeur »…il est vrai que l’on n’est plus à une contradiction près! Quand on a été gazé et donc KO, il n’est plus possible de frapper juste et fort comme on le voit sur la vidéo et de piétiner un homme à terre…
    Ce sont toujours les mêmes qui font l’effort de comprendre…mais les gilets jaunes et ceux qui les manipulent ne veulent rien comprendre…Il est grand temps de se ressaisir certes, il est temps d’avoir un oeil sur les réseaux sociaux et de faire le ménage des fausses nouvelles…
    On nous parle de notre démocratie…mais les samedis c’est l’anarchie.

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