La crise du Coronavirus
Elle a pris tout le monde par surprise. Aucun pays n’y était préparé. La Chine, qui a voulu cacher le problème, a réagi tardivement (décembre) à l’alerte lancée par certains de ses médecins. Premiers cas de COVID 19 en France : 24 janvier, deux cas à Paris, un à Bordeaux.
- 9 février, 11 cas identifiés et un premier décès le 15 février à l’hôpital Bichat.
- Le 17 février, grand rassemblement évangélique à Mulhouse, point de départ de l’épidémie dans le Grand Est.
- 26 février, deuxième mort en France (hôpital Pitié-Salpétrière). 27 février, 20 personnes sont déclarées contaminées par le virus, puis 57 le lendemain (67 cas identifiés en Allemagne à la même date).
- Le 11 mars, l’OMS estime que la terre entière est face à une pandémie nouvelle. Même jour, la France compte 2281 cas et 48 décès. Création d’un Conseil scientifique auprès du gouvernement
- 17 mars : fermeture de l’espace Schengen
- 24 mars : création du CARE, deuxième conseil scientifique auprès du Président
Macron a-t-il pris à temps les bonnes décisions ?
- 23 février : 70 hôpitaux sont mis en dispositif d’alerte
- 6 mars. Lancement du Plan Blanc afin que les hôpitaux, publics et privés libèrent le maximum de lits pour accueillir les malades COVID. Toutes les opérations qui pouvaient attendre ont été reportées. 600 établissements concernés.
- 16 mars : fermeture des écoles, crèches et universités
- 17 mars. Mise en place du Confinement de la population, avec des mesures restrictives de circulation
- 18 mars. Etat d’urgence sanitaire qui permet au gouvernement d’agir par décrets
Le gouvernement a-t-il changé de discours à propos des masques ?
Agnès Buzyn alors ministre de la santé, déclare le 24 janvier que les risques de propagation du virus sont « très faibles » Elle ajoute le 26 janvier, qu’il inutile d’acheter des masques et précise que l’état dispose de dizaines de millions de masques. En fait, il y en avait 117 millions en stock. Très insuffisant au regard des énormes besoins comme chacun a pu le constater. D’où les discours contradictoires sur l’utilité et la fonction réelle des différents masques.
Olivier Véran, ministre de la santé, annonce le 7 mars, la commande de deux milliards de masques à la Chine qui seront livrés progressivement d’ici le mois de juin.
Il explique que dans l’intervalle, priorité est donnée aux personnels médicaux et de soins. Mais, les autorités scientifiques s’interrogent encore sur l’intérêt de généraliser le port du masque à toute la population.
Comment en est-on arrivé là ?
- 2007. Création du corps de réserve sanitaire et création de l’EPRUS (établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires) un établissement public chargé d’acheter et de stocker les matériels nécessaires en cas de pandémie grave. Un milliard de masques sont alors commandés.
- 2010.La Cour des Comptes dénonce les dépenses inutiles en masques et vaccins suite à l’épidémie de H1N1. Michel Issindou, député socialiste, sonne la charge contre Roselyne Bachelot, relayé par le Vert Yannick Jadot.
- 2013. Une note des services du premier ministre, Jean Marc Ayrault, attribue aux employeurs la responsabilité de constituer des stocks de masques. 2014. L’état décide de ne pas renouveler les stocks de masques et médicaments.
- Entre 2016 et aujourd’hui, la doctrine reste inchangée. De leur côté, les hôpitaux qui encaissent plans de rigueur après plans de rigueur n’ont guère les moyens d’anticiper les besoins. Quant aux entreprises, elles ne voient pas l’intérêt de gonfler leurs immobilisations.
Nos hôpitaux manquent-ils de lits de réanimation ?
Oui au regard des besoins actuels qui sont exceptionnels, même si pour l’instant notre système hospitalier parvient à faire face. Mais comment prévoir une telle situation ? En l’occurrence, il faut distinguer les lits, du matériel qui va avec. Un lit, ça se trouve. En revanche les respirateurs fabriqués pour l’essentiel à l’étranger, ne sont pas immédiatement disponibles.
L’enjeu n’est pas de multiplier les lits de réanimation, mais de se doter des capacités en matériel afin de pouvoir répondre à une situation de crise. Cela veut donc dire qu’on doit stocker matériels et produits tout en étant capables de les fabriquer. Cela s’appelle la souveraineté sanitaire.
Les EPHAD ont-ils été « sacrifiés » à la lutte contre la pandémie ?
Non, ils ont bénéficié très tôt du matériel de protection nécessaire, ils ont pris en général les bonnes mesures de protection des pensionnaires. Mais le grand âge et les pathologies liées rendent ces populations particulièrement fragiles.
Le traçage numérique est-il dangereux pour les libertés individuelles ?
D’autres l’utilisent déjà : Singapour, la Corée du Sud, Israël… sans parler de la Chine. Mais la technologie peut aider à faire régresser la maladie. Elle n’est pas une menace pour les libertés dans un pays qui en encadre l’usage (durée, type de données…) et où les contrôles démocratiques sont nombreux et efficaces. La France dans le cadre du projet Stop-Covid travaille à la mise en place de ce type d’outils autour de la technologie bluetooth.
La crise économique
La France est entrée en récession. Un mois de confinement c’est 3% de PIB en moins. L’activité économique a chuté de 32 à 35%. Particulièrement touchés : la construction, le commerce, transports, hébergements. Bien plus violent qu’en 2008. 130 000 entreprises ont fait une demande de prêts garantis par l’état.
Le plan d’urgence économique prévoit 300 milliards d’euros en garantie des prêts bancaires auxquels viennent de s’ajouter 100 milliards pour financer les mesures de soutiens aux salariés et aux entreprises.
Les aides pour les salariés
- Prime exceptionnelle pour les salariés au travail (personnels soignants, fonctionnaires…)
- Prime défiscalisée de 1000 euros dans le secteur privé)
- Renouvellement automatique des droits des allocataires sociaux
- Chômage partiel, plus de 6,9 millions de salariés concernés (CDD, CDI intérim). 84% du salaire net remboursés à l’employeur qui en fait l’avance
- Possibilité de cumuler chômage partiel et activité parallèle
- Plan de formation pour ces salariés
- Aide sous condition de 1500 euros pour les indépendants, renforcée par de nouvelles dispositions
- Plan « massif » pour l’hôpital et la revalorisation des carrières.
Les aides pour les entreprises
- Délais de paiement d’échéances sociales ou fiscales
- Remise d’impôts directs
- Reports de paiement des loyers et factures (eau, gaz, électricité)
- Prêts garantis par l’Etat
- Rééchelonnement des crédits bancaires
- Marchés publics : pas de pénalités en cas de retard
- Aides pour la mise en place du télétravail
Un plan européen de soutien à l’économie
La France a bataillé jusqu’au bout de la nuit. Un accord a finalement été conclu : 540 milliards d’euros débloqués par l’UE en soutien aux économies. « Une grande victoire » a dit Bruno Lemaire. Sans contrepartie car à la faveur de cette crise sanitaire tous les tabous sont tombés, sur l’endettement ou la dépense publique.