Commerces et confinement


Les maires de Castelsarrasin et de Moissac, soutenus par le président de la Communauté de communes « Terres des Confluences » viennent d’écrire au préfet de Tarn et Garonne pour demander que soit maintenue une juste « concurrence entre les petits commerces et les grandes surfaces » Ils s’élèvent en effet contre la fermeture des boutiques de centre-ville, alors que les grandes surfaces demeurent ouvertes, proposant dans leurs rayons toutes sortes de marchandises, qui ne peuvent pas à l’évidence être répertoriées dans les biens essentiels. La maire de Montauban, qui ne rate pas une occasion de se faire mousser avait dès hier pris un arrêté pour autoriser les commerces de sa ville à rester ouverts. Arrêté parfaitement illégal dont l’objectif était double : s’opposer ouvertement au gouvernement et flatter sa clientèle électorale. Réponse du berger à la bergère, le préfet lui a aussitôt demandé de retirer son arrêté et l’a menacé de poursuites judiciaires.

Mais au-delà de cette péripétie qui s’inscrit dans la guérilla que mène la droite contre le gouvernement, il faut regarder les choses en face. Les modalités du confinement, saison deux, en dépit d’une progression inquiétante de l’épidémie, n’ont pas été comprises et semblent difficilement acceptées par la population. 

Tout a commencé avec la fronde des libraires, ulcérés de devoir fermer boutique, alors que les grandes surfaces et Amazon vont pouvoir pleinement profiter de l’aubaine. Le soutien du ministre de la culture et surtout la colère des milieux intellectuels aura rapidement fait reculer, ce qui fait désordre, le gouvernement. On annonce déjà que les grandes surfaces ne vont plus pouvoir vendre des livres. Dont acte, mais Amazon ? Le géant de la distribution en ligne échappe à la contrainte, du coup, la solution pourrait s’avèrer pire que le mal. Reste donc au gouvernement une seule porte de sortie : permettre aux librairies, sous strictes conditions sanitaires, de rester ouvertes. Ce sera probablement fait d’ici la semaine prochaine. Mais on peut s’inquiéter d’un tel couac qui donne en partie raison à tous ceux qui dénoncent une concertation en trompe l’œil et des décisions mal préparées. Il est à craindre que d’autres secteurs s’engouffrent dans la brèche. Malgré les aides financières affichées, les maires qui, un peu partout en France dénoncent, à la veille de Noël, le mauvais coup porté aux commerces de proximité, ont déjà pris la tête de la contestation.

Ligne de crête

Quelle solution reste-t-il au premier ministre ? Faire de nouvelles exceptions, c’est vider le confinement d’une grande partie de son efficacité. Tenir bon, sauver ce qui reste du confinement, c’est le risque de s’aliéner un peu plus l’opinion qui à l’évidence ne veut pas admettre la gravité de la situation sanitaire. A preuve, le premier jour de ce confinement qu’on peinait à distinguer d’une journée ordinaire, tellement il y avait de monde dans les rues de nos villes et sur les routes de nos campagnes.

La ligne de crête, pour reprendre l’expression du président Macron, à savoir faire reculer la deuxième vague du Covid et maintenir à flot l’économie nationale, semble bien difficile à tenir. La population n’y trouve pas ses repères, fait semblant de ne pas comprendre la cohérence des dispositifs ; s’indigne tout à la fois d’être confinée et de ne pas l’être ; s’inquiète pour l’avenir et s’accommoderait d’une fermeture des écoles et des lycées ; pleure les victimes de l’épidémie et voudrait pouvoir faire la fête comme si rien n’était ! Bref, on est en plein désarroi.

Il faut dire que l’attitude des élus de la République ne nous aide pas à y voir clair. Dans une période aussi troublée, aussi difficile pour le pays qui affronte en même temps une crise sanitaire inconnue à ce jour, une crise sécuritaire avec d’abominables attentats et d’inquiétantes agressions extérieures, et une crise économique dont personne ne sait aujourd’hui comment nous en sortirons, on aurait pu s’attendre à un minimum d’unité nationale, de solidarité avec le gouvernement, quitte à assortir les critiques, toujours nécessaires en démocratie, de propositions concrètes et réalistes. C’est tout l’inverse que nous vivons. La droite parlementaire, comme revigorée par les difficultés du pays, fait flèche de tout bois, dénonce, vitupère, fait de la surenchère sans frais, de l’obstruction systématique, traque le gouvernement dans ses moindres hésitations. La droite tente pitoyablement de se refaire la cerise sur le dos du pays. La gauche n’a pas fait guère mieux, à l’exception notable du PS qui a voté les mesures de confinement. Les débats à l’Assemblée nationale et au Sénat ont été ces jours derniers particulièrement révélateurs de ce climat de discorde nationale. S’annonce alors pour le gouvernement une nouvelle bataille, celle de l’opinion !

3 réflexions sur “Commerces et confinement

  1. Depuis des mois, on est en permanence dans l’urgence et on a l’impression que c’est la politique du tout ou rien. Et d’un autre côté, à force de crier au loup en permanence … voilà le résultat ! Il n’y a pas que la France certes, toute l’Europe est concernée. Et l’épidémie est bien là. En revanche si l’on respecte les gestes barrières, il n’y a pas de risque d’attraper le virus. Alors, pourquoi ne pas sévir à faire respecter ces gestes et précautions, avant d’en arriver à des situations extrêmes comme celle que nous traversons actuellement ?
    Concernant les librairies, je trouve qu’être privés de socialisation, de culture et de loisirs est assez dur comme ça, alors pourquoi ne pas autoriser leur ouverture ? Ça changerait quoi ? Rien ! On prend les mêmes risques en allant acheter un livre dans une grande surface ou chez son libraire. Pourquoi ne pas permettre, au lieu d’interdire ? Ce n’est pas très cohérent tout ça ..,De plus et avant tout, les commerçants on peur – et à juste titre – de se retrouver sur le carreau. Ce n’est pas rien !! Il faut sauver les meubles au maximum. Alors pourquoi être autant inégalitaire dans les décisions ? Ce n’est pas acceptable ! C’est une question d’injustice avant tout.
    « Liberté, égalité, fraternité », n’est décidément plus un adage de notre temps ! 😔

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  2. Scrutin relatif à l’état d’urgence sanitaire, vote des parlementaires de Tarn-et-Garonne.
    Assemblée Nationale : Valérie Rabault, pour ; Sylvia Pinel, absente n’a pas pris part au vote.
    Sénat : François Bonhomme et Pierre-Antoine Lévy.
    Nous mesurons ici où se situent les gens responsables et courageux…

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  3. Scrutin relatif à l’état d’urgence sanitaire, vote des parlementaires de Tarn-et-Garonne.
    Assemblée Nationale : Valérie Rabault, POUR ; Sylvia Pinel, absente n’a pas pris part au vote.
    Sénat : François Bonhomme et Pierre-Antoine Lévy, CONTRE.
    Nous mesurons ici où se situent les gens responsables et courageux…

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