Le lepénisme a pris racine


Le Tarn et Garonne est donc tombé dans les bras de Le Pen. Et plus généralement de l’extrême droite qui totalise près de 40% des suffrages. Un comble pour une terre qui se revendique radicale depuis la 3° république. Certains pensaient encore ces derniers temps que le radicalisme n’était pas soluble dans le lepénisme. Eh bien, il faut se rendre à l’évidence. Scrutin après scrutin, le département affirme son ancrage à droite toute, Castelsarrasin et Moissac étant les épicentres du phénomène.

Comment expliquer ça ?  On notera d’abord, il faut le souligner, que les Tarn et Garonnais, en tout cas une bonne partie d’entre eux, ne versent pas dans la gratitude spontanée. Et pourtant ! Des aides sectorielles et régulièrement renouvelées aux paysans, un soutien permanent à l’agriculture, la LGV, un nouvel échangeur autoroutier, une nouvelle gare, un nouvel hôpital à Montauban, un financement pour la modernisation de celui de Moissac, sans parler des mesures générales du plan de relance qui concernent aussi notre département… la liste des interventions de l’état est longue. Et sans effet, sinon pour ceux qui en profitent !

Ici, on n’est pas à une contradiction près. On dénonce l’immigration, qu’elle soit temporaire ou permanente, mais on en tire profit avec la meilleure conscience du monde. En faisant travailler ces populations dans les champs, et en leur louant au passage des logements vacants depuis longtemps et hérités, c’est le cas dans le terroir moissagais, de l’époque bénie et juteuse où le chasselas était roi. Bref, tout bénef ! Ce département est à bien des égards un cas d’espèce. Bricolé par un Napoléon soucieux de faire plaisir aux notables du coin (déjà), il n’a eu de cesse de cultiver ses singularités. Le radicalisme y a pris racine, tissant une trame qui a survécu au temps, s’incarnant dans quelques « figures » dont certaines sont devenues des potentats. Sa matrice sociale était à l’origine faite de petits agriculteurs propriétaires de leur exploitation et donc soucieux dès l’origine de préserver leur patrimoine. Cela jette les bases d’une culture. A la fois conservatrice et jalouse de son capital et politiquement inquiète de tout ce qui vient de « l’extérieur ». De la troisième à la cinquième République, les élus ont fait leur miel de ce tropisme, développant un entre-soi, et un entrelacs de réseaux encore à l’œuvre aujourd’hui. L’Histoire des Cathares, censés avoir résisté à l’opposant venu du nord, des terres d’oil, a même été convoquée dans la construction de cette altérité.

De cet avatar du girondisme, il reste une méfiance, quand ce n’est pas une détestation dont l’épisode des « gilets jaunes » fut ici une illustration parlante. La déliquescence des grandes idéologies, entre autres du radicalisme, puis du socialisme a fait le reste. L’extrême droite n’avait plus qu’à s’engouffrer dans cette béance idéologique. C’est fait. Pour combien de temps ?

A lire. Cliquez ci-dessous:

Fond Jean Jaures dossier Le Pen

                                                 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.