Ça recommence. Ç’était couru d’avance, annoncé parfois avec une gourmandise à peine dissimulée par les médias. Au rencart la question des retraites, anecdotique le projet des bassines des Deux Sèvres. Voilà un nouvel objet de passion et de controverses : l’affrontement des forces de sécurité et des hordes sauvages, ces spectres habillés de nuit et de quelques slogans chipés sur les réseaux sociaux. Le combat est médiatisé à l’extrême, et contrairement à une vraie guerre comme celle qui ravage l’Ukraine, on en connaît tous les détails, toutes les zones d’ombre, sommant en permanence les forces de l’ordre de se justifier, de rendre des comptes, à défaut de rendre gorge. Dans cette mise en abyme permanente, seul compte le décompte des voitures incendiées, des magasins pillés, des équipements publics saccagés et des blessés, toujours plus nombreux. Mais qui s’inquiète de ces jeunes gens cagoulés dont on devine aux détours de certains propos qu’ils ne sont pas tous clients des restos du cœur ? Qui s’interroge sur l’efficacité de leurs agissements, qui ose dénoncer, clairement, leur projet ?
On a l’impression, gouvernement excepté, que chacun s’emploie à s’évanouir dans un brouillard de… lacrymogènes. Il y a les muets, partout, à gauche aussi, apeurés ou lâchement satisfaits, les plus nombreux. Il y a les contempteurs patentés du pouvoir, hystériques tenants de l’ordre, la droite dans sa grande largeur, dont il n’est pas exclu que sa partie la plus extrême vienne prêter main forte à l’émeute. Il y a les révolutionnaires de papier, Insoumis en tête, nostalgiques du grand soir, frustrés du suffrage universel, qui attisant les brulots, espèrent tirer les marrons du feu. Et puis, il y a tous ces gens, citoyens engagés, militants enragés mais démocrates au fond d‘eux-mêmes, incapables de séparer le bon grain de l’ivraie, ne serait-ce que dans les mots. A cet égard, les propos télévisés d’une des animatrices du rassemblement anti-bassines confirmaient une fois de plus le vieil adage : l’enfer est pavé de bonnes intentions !
Que se passe-t-il donc dans les têtes ? Comment expliquer que la haine, c’est le substentif à la mode, devienne une façon de penser ? Comment comprendre que des esprits bien construits se mettent à tout confondre, le peuple et la foule, l’essentiel et le symbolique, la démocratie et la dictature des affects ? Comment comprendre cet inquiétant brouillage des repères, cette volatilité des principes, ces accommodements plus ou moins choisis avec les éruptions incontrôlées ? D’où vient cette irruption de l’irrationnel dans les champs sociétal et politique ? Il faut savoir tenir ces humeurs disait quelqu’un de l’ancien temps. Il faut garder confiance en notre démocratie qui malgré ses imperfections, ses têtes à queue parfois, est encore le moins pire des systèmes pour continuer à vivre ensemble. Après tout, il suffit de patienter un peu et une autre loi viendra défaire telle ou telle décision d’aujourd’hui. Pour peu qu’une majorité nouvelle le décide !
Durant la guerre, les NAZIS ont arrêté des milliers de résistants qui, pourtant, se cachaient… Et en France, en 2023, avec tous les moyens de détection et communication, les vidéos, etc. on ne sait pas mettre hors d’état de nuire ces loubards… Mais de qui se moque t on? Tout cela est voulu et sert les gouvernements qui, par les casseurs professionnels, feront peur aux braves citoyens honnêtes; lesquels voteront in fine pour nos gouvernants sans vision qui nous mènent droit dans un mur!
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Je ne partage bien évidemment pas ce point de vue. Le désordre profite toujours aux extrêmes. Par ailleurs, il ne vous aura pas échappé que pendant la guerre ce sont les services de Pétain, supplétifs des nazis, qui faisaient la chasse aux résistants. Mais nous n’étions que je sache en démocratie et la démocratie c’est un état de droit, respectueux des personnes. On n’arrête pas les gens comme ça!
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Merci Gérard pour cette réponse et cette mise au point nécessaires car on entend trop souvent ce sulfureux refrain : « tout cela est voulu et sert les gouvernements… » – « Bernard » tente de modérer son propos en parlant « des gouvernements » et non DU gouvernement ! allons, allons….
Oui, le désordre profite toujours aux extrêmes…et la Démocratie ne fait pas partie des extrêmes.
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