Non, non non, il ne faut pas reculer sur la taxe carbone, n’en déplaise à Ségolène Royal qui cause fort parce qu’elle est en campagne, mais dont on se souvient qu’elle a capitulé devant la fronde des Bonnets rouges, laissant à l’Etat une facture de plusieurs milliards. Plus grave, cette reculade piteuse a fortifié la nébuleuse des pourfendeurs de l’impôt qui si l’on en croit certains médias, et surtout la classe politique, avec au premier rang, le député François Ruffin, le déjà rival de J.L Mélenchon, seraient les nouveaux Robin des bois.
Nous ne sommes pas dans la forêt de Sherwood. Nous sommes en démocratie, avec des représentants élus, révocables à la prochaine élection. Nous sommes dans un état de droit et ceux qui élus ou pas sont disposés à en faire litière, feraient bien d’y réfléchir à deux fois. Après, il pourrait bien être trop tard.
Cette fronde des gilets jaunes est indéniablement populaire si l’on en croit les sondages d’opinions. Elle procède, on l’a dit, de motivations diverses et souvent contradictoires. Il y a de tout dans ce mouvement, du pire et du discutable, selon des proportions que nul n’est capable à ce jour d’établir. Et comme dans une auberge espagnole, chacun y trouve son sujet. D’où ce succès chez les sondés.
La difficulté pour le gouvernement, c’est que dans la période, il est inaudible ou presque. Quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse ! A preuve : l’accueil réservé au discours du Président de la République. Et pourtant, il y avait tout dans ce discours : le cap, la méthode, le calendrier, les mesures concrètes… sans parler de l’écoute, de la compréhension des colères présentes et de l’engagement à mieux accompagner socialement cette période de transition, à faire en sorte aussi que le travail paye définitivement plus.
Mais Macron demeure aux yeux d’une majorité de Français, le président des riches. Celui qui a augmenté la CSG des vieux retraités et supprimé l’impôt sur la fortune des plus aisés. Sa parole est donc suspecte. Est-il temps de redresser cette vision ? Nombre de marcheurs s’interrogent : que faire ?
Ils savent bien que renoncer à la taxe carbone serait sonner le glas de toute nouvelle possibilité de réformes. Ils savent bien qu’aucune concession matérielle, sur les taxes, ne sera jamais suffisante pour entraîner l’adhésion des gilets. Ils savent bien que les oppositions politiques ne donneront jamais à E. Macron un certificat de bonne conduite écologique. Il n’était qu’à entendre le Vert Yannick Jadot, jeudi matin sur Inter. Donc le Président n’a d’autre choix que poursuivre, de persévérer… mais en tenant compte de ses erreurs.
On sait déjà que la suppression de l’ISF a eu pour premier effet la diminution des dons aux associations. Fâcheux ! Mais l’investissement, y a-t-il gagné ? Rien ne l’indique et le député LRM, Bruno Bonnell se propose de le vérifier. C’est dire ! D’une manière ou d’une autre, pour l’exemple, pour le symbole d’une République solidaire, il faudra bien mettre à contribution millionnaires et milliardaires dont le train de vie abime un peu plus notre planète. N’est-il pas temps aussi, de se pencher sur le transport aérien dont le carburant est détaxé, sur les tankers et sur les camions qui ont tué le rail, sur les sociétés d’autoroutes … Il nous faut interroger notre modèle économique et nos modes de vie ! C’est le moment!