Législatives : le piège

Suite à un petit arrangement entre amis, les mâchoires du système se sont refermées sur les électeurs, le jour où « En Marche » a décidé de n’investir personne, face à Sylvia Pinel, dans la deuxième circonscription de Tarn et Garonne. Terrible déception! Faute politique! Dès lors, les jeux étaient faits ou presque. JM. Baylet qui avait mis tout son poids dans la balance serait donc parvenu à ses fins. Son fief, ces « terres radicales » comme il le fait dire à son journal, resteront vraisemblablement  sous sa coupe. Satisfaction affichée du seigneur et maître ! Ce duel entre FN et PRG, ne laisse en effet guère de choix aux électeurs républicains. Impossible de voter dimanche prochain pour le parti lepéniste même si l’envie de changement, le besoin d’une respiration démocratique sont perceptibles jusqu’au fond de nos campagnes.

Toujours à la manœuvre, voilà que la presse de JM Baylet s’inquiète de cette aspiration qui pourrait affecter le score de sa candidate. Dans un mail, un des employés du journal a demandé à Jean Paul Nunzi, Yvon Collin, Jean Philippe Besiers et Jérome Beq, soutiens de Thierry Hamelin, candidat divers gauche du premier tour, quelle sera leur position dimanche prochain. Voici leur réponse :

«… vous venez de confirmer votre attitude indigne aujourd’hui encore par vos mensonges en publiant ce mardi matin un article insultant à notre égard évoquant notre silence! Vous nous demandez lundi notre position pour le 2nd tour et vous précisez de vous répondre ce mardi avant midi.

Vous avez ci-dessous notre position que, nous en sommes convaincus, vous n’oserez pas publier en entier.

Nous avons soutenu la candidature de Thierry HAMELIN et Angéline CENTIS – Divers Gauche – au 1er tour de ces élections législatives, considérant qu’il n’était plus possible de ne pas réagir aux manœuvres de M. BAYLET et du PRG depuis des décennies pour garder à son profit, coûte que coûte, le département du Tarn-et-Garonne et la 2ème circonscription. 

Le mouvement « En Marche » a eu tort de ne pas investir quelqu’un de neuf dans cette circonscription…

Nous confirmons notre conviction qu’il ne sera plus possible d’accepter la main mise sur cette 2ème circonscription.

Nous disons à M. Baylet, à Mme Pinel, au PRG et à la Dépêche du Midi que les « prestigieux soutiens » de Thierry HAMELIN n’ont surtout pas à recevoir d’eux des leçons de comportement républicain. Nous leur disons que les parcours respectifs des membres de cette « belle équipe» de soutiens démontrent à quel point ils ont été et seront toujours fidèles à leurs valeurs républicaines qui les animent, en refusant toute forme d’extrémisme dangereux pour nos démocraties.Nous nous tournons vers celles et ceux qui ont voté pour Thierry Hamelin pour leur dire que nous souhaitons conserver cette position de refus des extrêmes pour ce 2nd tour, en les invitant à en faire de même si nous ne sommes pas propriétaires des voix »

Un journal transformé comme à son habitude en agent électoral. Voilà qui fait mauvais genre et détonne dans la République de Macron. Un journal, comme une bulle qui éclate à la surface d’un  système, véritable piège à électeurs. Et le système a ici un nom et de multiples visages. Ceux d’un clan, habile à protéger ses intérêts, déterminé à se survivre, qui a fait du département sa chose, sa propriété, gardée par une foultitude de petits vassaux, élus locaux et autres obligés de cette ploutocratie moderne.

Primaire: l’arme fatale

La fronde et son chef, au terme de 4 ans d’embuscades, de provocations, de défis, allant jusqu’au dépôt de deux motions de censure, a donc eu la peau de l’ex premier ministre, Manuel Valls, faisant plébisciter par les électeurs de la primaire, son opposition radicale à la politique menée depuis 3 ans. La suite de l’opération, ce sera, certainement, la prise de Solférino, une bataille qui va conduire certains militants et élus à l’exil. Combien ? On ne sait pas à cette heure, mais il est possible que la nouvelle équipe, qui ne jure que par le rassemblement, n’en soit pas plus que cela fâchée. Tant qu’à faire la purge, mettons y les formes!

D’autres vont faire la grève du zèle, qui tels des fantômes du navire socialiste, laisseront leur place, sans jamais partir tout-à-fait. D’autres encore, qu’il est à cet instant difficile de compter, resteront, et joueront le jeu de cette curieuse démocratie, par fidélité peut-être aux mannes de Jaurès, de Mitterrand, ou de Jospin.

Ce qui est sûr, c’est que le coup a été finement joué. L’appareil socialiste était imprenable de l’intérieur, verrouillé par de solides apparatchiks, jadis frères de combat et dont la cuirasse s’est peu à peu fissurée, à proportion des difficultés, et des erreurs du gouvernement… socialiste. Mao, on s’en souvient, avait déchaîné les gardes rouges pour se débarrasser de ses encombrants compagnons de route. C’était la révolution culturelle. La primaire, la mal nommée « Belle alliance populaire » a donné à Benoit Hamon un million de suffrages, ce qui n’est pas rien, il faut bien l’admettre!, des votes qui veulent dire une envie de changement, une nostalgie d’un « avenir désirable », cette version actualisée du fameux « Désir d’avenir » cher à Ségolène Royal.

Quand pour être de gauche il fallait naguère être marxiste, cela s’appelait « les lendemains qui chantent ». Mais il n’est pas exclu de penser que la mobilisation anti Valls, jeune, très urbaine et diplômée ne provienne pas pour partie de cette autre nébuleuse de la gauche que Jean Luc Mélenchon tente de fédérer avec ses « Insoumis » Car au delà de tout calcul politique, il y a dans le vote de dimanche, de la rancune, du règlement de compte, voire même du dépit amoureux.

La gauche en effet ne s’aime pas. Les frondeurs l’ont prouvé. Ses différents courants, ses différentes chapelles ont l’excommunication facile. Son messianisme originel la conduit à se déchirer pour un oui, pour un non. Elle instruit en permanence contre elle même un procès en trahison, sommant l’autre de prouver son orthodoxie. Il n’y a qu’à voir les mauvaises manières qui sont faites à Emmanuel Macron ! Une bonne part de la famille n’est pas à l’aise avec le pouvoir, là où précisément l’idéal se frotte au réel. Référence et révérence faites à Jean Jaurès !

Tout ça pour dire que Benoit Hamon aura fort à faire, mission quasi impossible, pour rassembler le parti socialiste, ce qui devrait pourtant être sa première et urgente préoccupation. La tâche sera au moins aussi difficile pour faire ami-ami avec les Insoumis de Jean Luc Mélenchon et espérer ainsi aborder le premier tour de la présidentielle en position pas trop défavorable. A moins que le candidat du PS ne tourne ses regards vers Emmanuel Macron ! Mais la chose paraît aujourd’hui hautement improbable.

Tout ça pour dire que sans programme, et c’est hélas le cas, le parti socialiste transforme de facto la primaire en une sorte de pré-congrès, qui noie les militants dans les électeurs qui peuvent impunément s’en donner à cœur joie. Pour redire que la présidentielle, en cette période de disette idéologique, est pour une bonne partie de la gauche relativement accessoire, sinon, elle aurait préparé l’échéance bien avant. Elle se serait préparée, aurait construit un front commun minimum et disposerait d’un candidat crédible, capable de damer le pion à la droite et à l’extrême droite.

Certes, cette campagne présidentielle nous réserve chaque jour d’extraordinaires coups de théâtre. Et il est encore bien hasardeux de dire ce que sera dans deux mois, le paysage politique. Pour l’heure, le candidat de la droite dure est sur le point d’exploser en vol. Le FN qui paye ses salariés avec de l’argent du Parlement européen, aura bien du mal à faire croire qu’il lave plus blanc. A priori, les vents sont favorables aux progressistes. Emmanuel Macron, à lui seul, peut même à ce jour espérer être au second tour de la présidentielle. Cela donne je l’espère à réfléchir !

Embrouilles et tambouilles au département

La démission de Véronique Riols (groupe Astruc)  de la Commission permanente du Conseil départemental, a suscité un mic-mac qui fera date dans les annales du Tarn et Garonne. Car derrière ce renoncement,  Christian Astruc et sa majorité avaient bien l’intention de faire le ménage chez les vice-présidents. Objectif : « virer » Brigitte Barèges,  et Monique Ferrero. Prudente et à bonne école, la maire de Montauban avait pris soin l’avant veille d’annoncer qu’elle n’était candidate à rien, s’évitant du même coup l’humiliation d’un congédiement.

La Commission permanente compte 18 membres élu(e)s à la proportionnelle,  à la plus forte moyenne et sur liste paritaire. Le groupe Astruc dispose de facto de 10 élu(e)s. Les autres se partagent donc les sièges restant. Une liste PS-PRG  aurait obtenu 7 élu(e)s, 4 pour le PRG et 3 pour le PS, la liste Baréges n’aurait eu qu’un élu. Mais rien ne s’est passé comme prévu.

Les radicaux ont refusé de faire liste commune. Seuls ils ont décroché 4 sièges, le PS qui aurait pu gagner trois sièges, conserve tout juste ses deux représentants. Le dernier siège de cette joyeuse distribution, celui qui a échappé aux socialistes,  a été attribué à la liste Barèges  et donc à …Mathieu Albugues, le candidat de la droite aux législatives sur la deuxième circonscription,  celle où Sylvia Pinel, patronne du PRG, espère se faire réélire.

En clair, pour faire mal aux socialistes, les radicaux installent un peu plus dans le champ politique le concurrent direct de leur patronne! Les faux derches sont champions pour se tirer une balle dans le pied! La rancune est décidément mauvaise conseillère!

Ces pauvres radicaux n’en finissent donc pas de régler des comptes. Jean Michel Baylet qui n’a toujours pas digéré ses échecs au Sénat et au Département, cherche par tous les moyens à se venger, en s’alliant si nécessaire avec la droite la plus dure du département. Nous relations plus bas dans « moissac infos »  -cliquez ici- comment il a fait capoter la candidature Henryot à la présidence du GHT, le groupement hospitalier de territoire. Voilà maintenant l’épisode de la Commission permanente du Département. Et ce n’est pas fini! Les législatives devraient lui donner l’occasion de montrer une fois de plus son pouvoir de nuisance. Valérie Rabault, députée de la première circonscription, candidate socialiste déclarée, va devoir se méfier. Les « amis » radicaux sont devenus experts… en chausses trappes!

Primaires (suite)

C’est fait. Sylvia Pinel sera bien candidate à la primaire de « La belle alliance populaire » Le comité directeur du PRG, déserté par une bonne partie de ses membres, a finalement entériné ce choix. Les ministres radicaux du gouvernement peuvent donc dormir tranquilles jusqu’au mois de juin. On connaîtra dans les jours qui viennent, les autres contre-parties de cet engagement.

De son côté Vincent Peillon fait savoir qu’il a payé l’addition à son parti. Quelque 20000 euros d’arriérés de cotisations, sans lesquelles, il ne pouvait s’aligner dans cette  compétition.

Si on compte bien, « La belle alliance » regroupe ce soir 8 candidats, dont une femme!

Primaires: l’heure de vérité

Tel Zorro, il arriva, surgi de nulle part, échappé à ses chères études. Vincent Peillon, l’ancien ministre de l’éducation, disparu des écrans radars de la politique nationale depuis belle lurette, fait un retour aussi inattendu qu’impromptu! Le voilà tout à trac candidat à la primaire socialiste. Un de plus ! Et bien sûr, promis, juré, au nom du rassemblement. De qui, de quoi ? On verra bien d’ici le 22 janvier. Ce qui est sûr, c’est que le député européen intermittent, heureux auteur de polars est en mission. Accessoirement pour porter, comme il le proclame, le bilan de F. Hollande, centralement pour dézinguer Manuel Valls. Mais pour que sa candidature soit valablement enregistrée, Vincent Peillon devra se mettre à jour de ses arriérés de cotisations. C’est encore la règle au sein du PS !

Les autres, tous les autres candidats à cette primaire de « La belle alliance populaire » ont quoiqu’on en dise, une légitimité à concourir. Ils se sont préparés, ont rencontré les militants, occupé le terrain politique. Vincent Peillon, lui, débarque un soir sur le plateau du 20H de France2 et annonce son entrée dans le cirque. Qui croira que tout cela n’est pas téléguidé, mis en place quelque part dans les arrières cuisines de la République ?

Marie Noëlle Lienemann de son côté a renoncé à se présenter. Son appel au rassemblement autour d’Arnaud Montebourg et Benoit Hamon avait fait choux blancs. Mais, est-ce bien la bonne explication ? N’aurait-elle pas cédé à d’amicales pressions, concernant par exemple le renouvellement de son mandat au Sénat ? Quoiqu’il en soit, alors qu’il ne reste plus qu’un jour pour se déclarer, l’affiche de la primaire est bien remplie : 7 prétendants et pas une femme !

Le Cas Pinel

A moins, à moins que Sylvia Pinel, la cheftaine du PRG, décide de se sacrifier. Et s’inscrive dans la compétition ! Elle était partie la fleur au fusil, annonçant qu’elle sauterait la case primaire pour défendre à l’occasion de la présidentielle, les intérêts du parti. Mais le renoncement de F. Hollande à concourir à nouveau l’aurait conduite à reconsidérer sa position. Qui croira ce conte de Noël ? En fait, comme à leur habitude, les radicaux négocient, des rôles, des places, des rentes. Il est en effet étrange, et incompréhensible aux esprits simples, que les ministres radicaux n’aient pas perdu leurs portefeuilles à la faveur du remaniement ministériel, alors qu’une fois de plus, ils se sont imprudemment aventurés en dehors de la majorité. Parions donc que Sylvia Pinel va aujourd’hui se déclarer candidate à la primaire, bien qu’une petite moitié de son parti soit opposée à cette démarche et penche plutôt du côté de Macron. Parions donc qu’elle va obtenir l’investiture de la rue de Solférino sur la deuxième circonscription de Tarn et Garonne, ce qui annonce un bras de fer entre Paris et le département. Comment les socialistes tarn-et-garonnais qui ont décidé d’y présenter leur candidat, vont-ils prendre la chose ? Que se passera-t-il sur la première circonscription, où Valérie Rabault est à nouveau candidate ? Affaire à suivre donc!

Primaire : mode d’emploi: Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 15 décembre 2016. Pour se présenter, les candidats doivent réunir un certain nombre de parrainages représentant soit « 5% des membres titulaires du Conseil national (15) ; soit 5% des parlementaires socialistes (19) ; soit 5% des conseillers régionaux et départementaux socialistes représentant au moins 4 régions et 10 départements (66) ; soit 5% des maires socialistes de villes de plus de 10.000 habitants représentant au moins 4 régions et 10 départements (10) ». Ils doivent également signer une « charte d’éthique qui fixe les règles de conduite durant la campagne et la déclaration d’engagement qui porte sur le rassemblement des candidat(e)s à l’issue du scrutin ».

Chaque candidat recevra 50.000 euros maximum à dépenser lors de la campagne