Quelque chose s’est enclenché qui laisse penser que l’hôpital de Moissac est menacé. Non pas de fermeture, mais de dépérissement, lent, inéluctable, de cette petite mort qui chaque jour éteint un atome de vie, avant la survenue, parfois lointaine de la grande bascule. En 2018, les instances ad hoc avaient conclu sur le maintien de la chirurgie digestive et orthopédique à Moissac, le tout dans le cadre d’une organisation territoriale, le GHT, qui devait mettre en place les synergies entre Montauban et notre ville. De tout ça, rien! Les chirurgiens montalbanais se font tirer l’oreille pour prêter leur concours à leurs confrères moissagais, tandis que notre CHIC ruse avec les emplois, jonglant maladroitement avec les remplacements, incapable dit-il de trouver des candidats crédibles sur des postes encore existants.
Bonne ou mauvaise foi? Au vu de ce qui vient de se passer dans ces instances de direction dont le nombre dilue efficacement les responsabilités respectives, on serait tenté de penser qu’il y avait dans tous les atermoiements des mois précédents quelque chose de prémédité. Comme un dark projet, à l’oeuvre dans la coulisse, et dont on commence à mesurer les contours.: des emplois du temps erratiques, des permanences introuvables, des emplois vacants, ou comment organiser sans le crier la baisse d’activité de de la chirurgie viscérale et dans la foulée celle de l’établissement moissagais. Jean Philippe Béziers maire de Castelsarrasin et membre du Conseil de surveillance du CHIC en a spectaculairement tiré les conclusions en claquant la porte de cette instance: « J’ai clairement dit que « la promenade des malades » entre deux établissements et « les promotions sur les prix de la santé » n’étaient pas dans ma conception ». Sylvia Pinel, la députée de la circonscription a également haussé le ton en demandant au directeur de l’ARS de pourvoir rapidement le poste vacant de chirurgien à Moissac
Mais il faudra hélas plus que ça pour faire plier la technostructure, qui prend au pied de la lettre les orientations nationales, qui a sur le réel, sur les hommes et les femmes de ce territoire, la sensibilité d’un tableau EXCEL. Il faudra une réelle mobilisation des personnels des patients et des citoyens. L’hôpital de Moissac est dans une impasse. Il peut en sortir au prix de révisions qui ne seront pas indolores, qui risquent de bousculer certaines situations acquises. Mais si l’on ne veut pas se contenter d’un emplâtre sur une jambe de bois, il faudra aller plus loin, oser réfléchir à l’échelle du territoire, avec ces quelque 80 000 Tarn et garonnais qui mesurent chaque jour près de chez eux ce qu’un désert médical veut dire.