Sur les quais


Moissac a son port, un port de plaisance dont la gestion a été concédée à Veolia.  Un vrai port, sur le Tarn, où les bateaux disposent pour accoster d’un quai en dur et à la belle saison de pontons flottants. Sur le canal où le capitaine, un Anglais fou d’amour pour Moissac, gère les entrées et sorties, et attribue les emplacements aux navigateurs qui souhaitent jeter l’ancre pour quelques jours ou quelques mois. Ils sont une petite douzaine, avec leur famille, à vivre ainsi au ras de l’eau. Et la liste d’attente s’allonge, pas moins de 15 demandes sur le bureau de la Capitainerie. Il faut dire que dans le petit monde de la plaisance, Moissac est une promesse de sensations douces. On peut en effet, grâce à une double écluse qui est en soi un véritable monument, passer du canal au Tarn et vice versa. Du coup, Anglais, Russes, Allemands, pas moins de vingt-cinq nationalités différentes ont l’an dernier mis le cap sur Moissac. Une aubaine pour la ville !

Le port, c’est un univers à part, qui a ses us et coutumes, son mode de vie aussi. C’est un village dans la ville. Ici, les plaisanciers n’aiment pas les vagues, encore moins les nuisances. Adeptes d’un tourisme lent, à chacune de leurs escales, ils cherchent, comme dirait le poète, ordre et beauté, calme et volupté. Mais c’est parfois trop demander à cette ville, dont les turbulences inquiètent bien au-delà, jusque sur le haut des coteaux. Moissac ne fait pas exception, dans un port, il y a toujours quelques fantômes de marins qui noient dans l’alcool d’impossibles rêves d’horizons lointains. Et cela a le don d’agacer notre Capitaine qui ne sait plus à quelle autorité s’en remettre pour faire cesser ces beuveries. Et puis, sur les quais, il y a des trafics en tout genre et les fêtards qui déchirent le rideau de la nuit à coups de décibels. Il y a des vols, mais aussi de la malveillance avec ces individus qui parfois jettent des pierres sur les embarcations endormies. L’an dernier une plaisancière en est sortie amochée, bonne pour une visite à l’hôpital.  « Radio plaisance » a vite fait de s’inquiéter de ces incivilités, au risque de décourager les navigateurs les moins téméraires !

Pourtant, tout cela n’a pas effrayé Sylvie et Christian Carle, deux Rémois, professionnels de la plaisance, qui ont jeté leur dévolu sur Moissac. Ils y ont mis à flot leur bateau de croisière fluviale et après un an de navigation, ils tirent un bilan positif. Grâce à eux, la croisière s’amuse et fait bombance, avec de bons produits locaux accommodés par les traiteurs du coin. Du coup, les moissagais y prennent goût. Soixante pour cent de leur clientèle, le reste venant de plus loin, de Toulouse où on a repéré le bon plan. Le bonheur serait-il sur le port ? Presque ! Sylvie et Christian ont pourtant le sentiment d’être relégués en bout de quai, presque invisibles faute d’informations lisibles pour guider les touristes. Ils en ont parlé au maire qui s’est même offert un brin de promenade nautique. Sans résultat ! Ils lui ont fait remarquer que par gros temps, le sol des quais était boueux et les gravillons qui collent aux chaussures bien agressifs pour les ponts des embarcations. Les quais y ont gagné deux ou trois jardinières dans lesquelles se languissent quelques pauvres fleurs. Pour le reste ça attendra.

A l’évidence, la mairie se soucie peu du port qui est resté en l’état depuis de nombreuses années. Éclairage au néon, lampadaires manquants, cheminements dangereux… Risque de partir à vau l’eau ! Il suffirait pourtant de presque rien pour faire de à ce site, de ce grand site moissagais, un havre aux charmes incomparables. Le tourisme dont la majorité municipale a curieusement et tardivement fait son credo concerne des visiteurs aux attentes multiples. Plus de 5000 entrés par le port en 2017. Cela vaut bien un petit changement de cap. Et quelques investissements ! Tant il est vrai que la pierre et l’eau sont les deux mamelles du tourisme moissagais.

Plaisanciers, sportifs, pêcheurs se partagent le domaine fluvial. Le plus souvent en bonne harmonie. Mais parfois la polémique surgit. L’an dernier les championnats de jet ski ont été prétexte à une belle empoignade. Un brin de mauvaise foi et surtout un manque criant d’information. En cause, la mairie qui n’avait pas anticipé, qui n’avait pas réuni assez tôt les parties prenantes. La leçon a-t-elle servi ? Pas sûr ! Au mois d’aout, 18 péniches sont attendues sur le Tarn pour la grande fête des plaisanciers. Qu’on se le dise !

2 réflexions sur “Sur les quais

  1. Un port de plaisance qui donne un petit air de méditerranée à Moissac, c’est super. Dommage effectivement qu’il ne soit pas mieux entretenu et aménagé.
    Lors du vide grenier du 8 mai chaque année, les gens aiment y venir pour le vide grenier mais aussi car ils ont ont aussi l’impression de se trouver en vacance avant l’heure, dans un marché de port méditerranéen
    Ceci m’a été rapporté le jour du vide grenier l’an passé.

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