Faut pas pousser…


« Dieu, gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge » Peu importe au final que la citation soit de Voltaire ou plus loin dans le temps d’Antigonos 2 de Macédoine, elle témoigne d’une sagesse que les siècles ne sont pas parvenus à altérer. Et pour l’avoir oubliée, ne serait-ce qu’un court instant, E. Macron en paye le prix. A l’évidence, l’hubris d’Emmanuel peut s’avérer dangereuse pour le Président qu’il est, d’autant plus qu’elle est contagieuse. On pourrait appeler cela le syndrome du cercle, fatal à nombre de beaux esprits, fussent-ils jeunes et bien faits. Ivresse du pouvoir pour les uns, fascination des armes pour les autres ! Sentiment de toute puissance !

Ce trouble du comportement est facilement repérable chez les individus ou dans les officines qui font dans la sécurité. L’histoire de la France contemporaine en atteste. Le SAC par exemple, le Service d’action civique, mis sur pied en 1960 pour servir de garde prétorienne au Général de Gaulle et à son parti, l’UNR, fut, jusqu’en 1981, date de sa dissolution, de tous les coups tordus. Dirigée pendant des années par un commissaire de police, Pierre Comiti, cette organisation qui avait à l’origine trois objectifs, lutter contre les communistes, lutter contre l’OAS et contrôler le parti, entretenait régulièrement avec les forces de police comme avec le milieu du grand banditisme des relations coupables.

Les S.O. en général, les services d’ordre comme on disait naguère dans les organisations militantes, peuvent très vite s’octroyer une autonomie de mouvement et d’action. Et du coup devenir une gêne, voire un danger pour le parti qu’ils prétendent servir, et au final pour la démocratie. Dans ce milieu un brin barbouzard de la sécurité, qui évolue souvent aux marges de la loi, l’amitié est un piège pour qui baisse la garde ou relâche la vigilance. « L’affaire Benalla » en témoigne. Mais un seul homme ne fait pas système. La Macronie ne s’est pas dotée de Services parallèles. Les héritiers proclamés du gaullisme, qui crient à l’affaire d’état devraient s’ulcérer moins bruyamment. Les autres aussi, qui ont trouvé là le moyen de mettre en panne le chantier de la réforme constitutionnelle !

Pour autant, il y a une affaire. Et il faut pour l’avenir en tirer les leçons. Alexandre Benalla vient d’être licencié. Tardivement même s’il avait été mis à pied sans salaire au lendemain de l’incident. Il fait maintenant l’objet de trois enquêtes : judiciaire, de la police des polices et des parlementaires. Que demander encore ? Exemplaire ou pas, la République fonctionne ! Mais gageons que ce grand remue-ménage ne nous apprendra guère plus que ce que nous savons et que la presse a justement révélé. Un homme trop zélé, trop sûr de son impunité parce que admis dans le premier cercle du pouvoir s’est cru autorisé, un jour de manif, à faire lui-même et la loi et la police. Ce n’est qu’un dérapage, certainement pas le résultat d’une intention politique, d’une volonté du pouvoir de mettre en question le droit de manifester. Il n’y a pas d’affaire d’état. Juste une affaire qui relève du droit commun au sein de l’appareil d’état.

 

3 réflexions sur “Faut pas pousser…

  1. Trop facile de ne jeter aux orties que cet homme.
    Oui, il a fauté. Mais pour qu’il y ait cette faute, il y a eu toutes les autres. Celle de Macron de ne pas choisir ses collaborateurs, ou de leur donner plus d’importance qu’il n’en faut. Aucun diplôme, aucune expérience et hop t’es chef de la sécurité. Tu fais une faute lourde, et hop, MACRON, ou son chef de cabinet, ou le ministre de l’intérieur, personne ne te dénonce à la justice. Une sanction légère (si elle a bien existé…), et hop tu gardes tes prérogatives.
    Celle de Macron, du chef de cabinet, ou d’autres, de vouloir nommer sous préfet un incompétent qui prend le melon, le nommer lieutenant-colonel de réserve sans diplôme le justifiant, lui donner des badges d’accès pour un endroit dont il n’a que faire.

    Et jeter BENALLA aux orties, c’est vite oublier son compère, MR Craze. Je travaille à l’accueil d’EN MARCHE, je suis salarié par CASTANER, ministre des relations avec le parlement, je suis gendarme retraité (les mêmes que l’on voit au tour de France, ou sur les marchés en renfort des pros….), bref j’ai toutes les compétences pour, étant armé, tabasser du gaucho qui manifeste, avec mon pote grassouillet de l’Elysée.

    D’expérience, un accident, c’est toujours l’accumulation de plein de conneries. Sauf que là, les conneries, elle viennent d’en haut, et elles sont couvertes. Heureusement qu’il y a toujours la presse, Mr VALES! Et j’imagine si cela était arrivé sous Sarkozy…

    La qualité première d’un grand chef, c’est de bien s’entourer. Ce n’est pas d’être jeune, nouveau et d’avoir une belle gueule.

    Vive la France, et vive le Monde (le journal)

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    • Dans quelques années les psychanalystes, les historiens se pencheront sur cet étrange phénomène: pourquoi Macron a-t-il dérangé aussi profondément une partie de la société française, masculine au premier chef? Pourquoi lui fait-on grief, à droite comme à gauche, d’être jeune, beau et COMPETENT? Je ne me hasarderai pas à donner des éléments de réponse… mais votre réaction comme tant d’autres que j’entends souvent chez les vieux militants de gauche me laisse à penser qu’on est là dans quelque chose de plus profond que la simple réaction politique d’un citoyen en désaccord ou courroucé.
      Pour le reste, je maintiens: le recrutement et je sais de quoi je parle n’est pas une science exacte. L’expérience montre que les gens peuvent changer et vite. Tel CDD exemplaire dans son travail, peut devenir un salarié à problème une fois titulaire d’un CDI… Ce n’est pas une majorité, mais cela existe! Benalla, c’est l’histoire d’un type qui a fait son trou dans les services de sécurité, qui s’est montré utile et compétent pendant des années et qui un jour parvenu au sommet de sa gloire, dérape avec ses deux ou trois copains de promos. Un fois encore ce n’est pas un système, même pas une erreur de casting: c’est juste la nature humaine, ce qui pose j’en conviens la questions des garde-fous!

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  2. Ne pas voir,ne pas entendre , certes…quand certains soutiennent et admirent un homme politique , pardon un Président de la République c’est « un comportement habituel »
    Cependant cette affaire nous montre bien d’autres dysfonctionnements que celui d’un seul homme …des CRS qui semblent s’acharner sur des citoyens qui paraissent bien inoffensifs ,des habitudes sur les violences policières ; les langues et les témoignages affluent presque deux mois après les faits …des sanctions qui n’en sont pas , des barbouzeries qui semblent venir d’un autre âge , un mépris de l’assemblée nationale et enfin des faits qui sont connus grâce à la presse encore une fois et un parquet qui n’est saisi que par lui-même

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